Trucs et astuces de photographes : Rene Sluimer et Mathis Vandermeeren
Rene Sluimer
Comment vous préparez-vous ?
Avant de me mettre en chemin, je vérifie que mes batteries sont bien chargées et que j’ai des cartes mémoire vides dans mon sac.
Ce que Rene glisse dans son sac photo :
- Différents objectifs (objectif de 500 mm plus un convertisseur x1,4, objectif macro de 100-400 mm)
- Des lingettes de nettoyage
- Un trépied
- Un appareil photo
- Des filtres
- Deux objectifs grand angle (17-40 mm et 24-105 mm)
- Un retardateur
La veille, je planifie les endroits où je compte me rendre, ce que je souhaite photographier. Parfois, je réserve une hutte d’observation des oiseaux, et je m’y installe généralement dès l’aurore. C’est toujours palpitant de voir ce qui s’offre à votre regard depuis une hutte ! J’espère toujours observer quelque chose de particulier : une belle lumière, des couleurs automnales ou de la neige.
Foto: Rene Sluimer
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
C’est la nature qui m’inspire, dans toutes ses formes. Je suis différents médias sociaux et j’en tire aussi des idées. Je suis également abonné à plusieurs magazines, comme Zoom et Natuurfotografie : ils m’inspirent et me permettent de découvrir de beaux endroits à photographier – huttes d’observation, réserves naturelles, paysages et villes … Les magazines me donnent aussi des idées de photographie vespérale et de macrophotographie.
De quelle photo êtes-vous le plus fier, et pourquoi ?
Voilà une question difficile ! Il y en a quelques-unes dont je suis très fier, c’est vrai. Si je devais en choisir une, ce serait mon hibou des marais qui se secoue les plumes. J’ai pris cette photo il y a quelques années, à Burgh Haamstede. Dans le polder, il y avait plusieurs hiboux des marais ; l’un ou l’autre allait parfois se percher sur un poteau planté le long de l’Escaut. C’est exactement ce qui s’est passé quand j’ai pris cette photo : le hibou était perché, tout à fait à l’aise, sur un poteau, il se secouait et se lissait les plumes, on aurait dit un tourbillon ! Il avait de magnifiques yeux pénétrants, ses plumes volaient dans tous les sens, la lumière était belle … c’était vraiment un moment magique, qui m’a donné la chair de poule.
Foto: Rene Sluimer
Rene à propos de sa photo préférée : Le hibou des marais.
« Il avait de magnifiques yeux pénétrants, ses plumes volaient dans tous les sens, la lumière était belle … c’était vraiment un moment magique, qui m’a donné la chair de poule.’ »
Comment photographiez-vous la faune et la flore ?
Je choisis d’abord la composition qui me paraît la plus belle, et j’examine l’incidence de la lumière. Pour les paysages, j’utilise toujours mon trépied et mon déclencheur souple. Parfois, j’utilise aussi des filtres, comme un filtre à densité neutre, simple ou gradué.
Lorsque je photographie des papillons et des libellules, je sors à l’aube : le matin, ils sont encore un peu somnolents, et ils sont plus faciles à photographier. Une fois qu’ils sont en forme et qu’ils volent, c’est beaucoup plus délicat.
Quand je vais observer les oiseaux dans la nature, j’ai constaté que c’était en s’approchant très lentement d’un oiseau qu’on a les meilleures chances. Il s’agit alors de se rapprocher petit à petit … mais ce n’est jamais dans la poche. Certains jours, vous aurez de la chance et vous rentrerez avec quelques belles photos, mais à d’autres moments, vous ferez pratiquement chou blanc. Mais c’est le jeu, aussi ! Si je faisais carton plein à tous les coups, ce serait moins palpitant. Bien entendu, je râle quand je veux photographier une espèce particulière et que je n’y arrive décidément pas.
Pour photographier des animaux sauvages, il est impératif de garder ses distances. Parfois, vous aurez la chance au cours d’une promenade de croiser soudain le chemin d’un chevreuil, d’un sanglier ou d’un renard. Ce sont des instants magiques … et tout l’art est alors de réagir rapidement et de prendre une bonne photo ! Il m’est arrivé plusieurs fois d’avoir une belle frayeur, sans avoir de photo pour m’en souvenir.
Trucs et astuces de Rene
Avant tout, vous devez bien vous familiariser avec votre appareil photo. On me demande souvent quels réglages j’utilise … Donc : plongez-vous dans les possibilités que vous offre votre appareil, et emportez votre manuel avec vous si nécessaire. Réservez une hutte d’observation si vous voulez photographier des oiseaux. Pour un débutant aussi, c’est parfait ! Vous pourrez vous entraîner encore et encore, parce vous serez entouré d’oiseaux toute la journée. Un autre conseil que je pourrais donner : Pour avoir une photo bien nette, mettez au point sur l’œil de l’oiseau ou du cerf, par exemple. Et si vous voulez prendre des photos de la nature, veillez à ne pas déranger les animaux, ne piétinez pas les plantes et les fleurs, respectez la flore et la faune. Pas de photo à tout prix !
« Un autre conseil que je pourrais donner : Pour avoir une photo bien nette, mettez au point sur l’œil de l’oiseau ou du cerf, par exemple. »
Quand une photo est-elle vraiment réussie ?
Pour moi, une photo est réussie lorsque la mise au point est nette au bon endroit, que la composition est équilibrée, qu’il ne faut pas une foule de retouches ensuite … et si elle me donne le sourire, et un peu de fierté, quand je la regarde.
Mathis Vandermeeren
Comment vous préparez-vous ?
Pour moi, il est crucial de choisir avant tout où je vais partir prendre des photos. La première chose que je fais toujours, c’est de bien me renseigner sur l’endroit : je fais une recherche sur Google Maps, je surfe sur des sites nature, je regarde des photos prises par d’autres photographes. Cela me donne assez vite une idée de ce à quoi le paysage ressemblera et de la période à privilégier pour le photographier (par exemple une forêt enneigée ou une lande en fleurs).
Ensuite, je commence à réfléchir au type de photos que je veux prendre, à quel moment et de quelle manière : vais-je plutôt prendre des photos de paysages, des macros, des photos d’animaux ou des photos par drone ? Ça me donnera déjà une bonne idée du type de photos que j’ai envie de prendre pour obtenir un bon résultat.
Dans mon sac photo, j’ai toujours :
- Un 24 mm-85 mm
- Un objectif macro
- Un drone
- Un 400 mm
Pour moi, le plus important, c’est le moment que vous choisissez pour prendre vos photos :
- Au petit matin
- Au crépuscule
Une fois sur place, je détermine d’abord la section d’image et la composition. Ensuite, ma foi, je me lance … et j’ai généralement une photo réussie au bout du compte ! Parfois, il m’arrive aussi d’aller me promener sans savoir à quoi ressemblera le paysage. C’est toujours palpitant, et une tout autre expérience que lorsque j’ai balisé en amont. Une fois que j’ai pris mes photos, je sélectionne les meilleures sur mon ordinateur.
Enfin, je retouche un peu les meilleures photos pour les améliorer encore (par exemple en ajustant le contraste/luminosité et en effaçant les points noirs qui ne devraient pas y être).
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
C’est surtout la nature elle-même qui m’inspire. Elle est si belle qu’elle ne cesse de m’émerveiller, pas deux jours qui soient identiques ! Cela me donne d’autant plus envie de continuer à photographier, encore et encore, de découvrir de nouveaux endroits … mais aussi de revenir sur des lieux dont j’ai de bons souvenirs et où je sais qu’on peut faire de belles photos. Je m’inspire beaucoup aussi d’autres photographes, mais une fois sur place, j’essaie avant tout de faire ma propre photo.
Foto: Mathis Vandermeeren
De quelle photo êtes-vous le plus fier, et pourquoi
Il y a beaucoup de photos dont je suis fier, mais si je devais en choisir une, je penserais immédiatement à celle qui a remporté le concours National Geographic Junior. J’ai pris cette photo dans l’Olympic National Parc, aux États-Unis. C’est la photo d’un arbre extrêmement particulier : ses racines sont aériennes, hors du sol.
Quand je l’ai croisé, un matin, le soleil brillait juste derrière, ce qui rendait l’ensemble encore plus beau. J’ai dû bien orienter mon appareil pour que le soleil brille exactement derrière une branche, sinon la photo aurait été surexposée. Chaque fois que je revois cette photo, je me remémore ce matin magique où je me tenais juste devant cet arbre, les rayons du soleil brillant face à moi.
Vous pouvez voir sa photo gagnante ici: Mathis sur HLN
Comment photographiez-vous la faune et la flore ?
Quand je photographie, je m’assure avant tout que la section d’image et la composition sont bonnes. C’est quelque chose que je fais souvent inconsciemment et par réflexe, mais j’y prête une attention particulière quand je sélectionne mes photos. Souvent, je m’appuie sur des lignes, des plans et des points cohérents. Les réglages de l’appareil sont aussi très importants. Avec tout cela, vous pourrez déjà créer une partie de l’atmosphère de la photo. Lorsque je photographie des animaux, je fais particulièrement attention à ne pas bouger mon appareil, en utilisant un trépied et une vitesse d’obturation rapide pour éviter que la photo ne soit floue.
« Lorsque je photographie des animaux, je fais particulièrement attention à ne pas bouger mon appareil en utilisant un trépied et une vitesse d’obturation rapide pour éviter que la photo ne soit floue. »
Foto: Mathis Vandermeeren
Trucs et astuces de Mathis
Comme je l’ai dit, la composition est essentielle dans une photo. C’est elle qui permettra de refléter une étendue, une profondeur données, ce qui peut vraiment être déterminant pour une photo réussie. Aussi, ce n’est pas nécessairement le sujet d’une photo qui doit être intéressant, mais plutôt la photo dans son ensemble – un débutant pourra ainsi prendre bien vite de splendides photos de sujets tout simples. Une photo peut devenir particulièrement intéressante si elle capture quelque chose de spécial, qui attire le regard. Par exemple, une photo qui transmet une atmosphère spécifique, comme :
- Une lumière qui tombe magnifiquement
- Du brouillard
- Un lever ou un coucher de soleil
- Des reflets dans l’eau
Surtout, photographiez des sujets que vous aimez, qui vous donnent de la joie – ça vous donnera une motivation supplémentaire (des paysages, une ville, des macros, des animaux, …). Après un moment, vous aurez une meilleure idée de vos sujets de prédilection … et vous ne pourrez vous améliorer qu’en vous exerçant !
Vous constaterez au fil du temps que vos compétences en photographie s’améliorent, que vous connaissez mieux votre appareil et son utilisation … vous pourrez alors éventuellement commencer à utiliser des filtres ND et des trépieds. Il est également important d’apprendre les bases des programmes de retouche photo comme Photoshop ou Lightroom. Ils vous permettront de vous approcher encore plus du résultat final que vous aviez à l’esprit.
Quand une photo est-elle vraiment réussie ?
Quand vous regardez une photo et qu’après une demi-seconde, vous vous dites : « Waw, super ! » Là, pour moi, elle est réussie ! Quand le photographe est parvenu à restituer un sentiment particulier, une certaine atmosphère qui était présente au moment où la photo a été prise, alors c’est aussi une photo réussie. Le spectateur a l’impression d’avoir été là, lui-même. Une photo qui a une histoire, c’est toujours intéressant aussi. Naturellement, ce qu’est une photo réussie sera différent pour chacun, il n’y a pas de règles universelles auxquelles une photo devrait correspondre pour être réussie. Pour moi, c’est surtout la valeur émotionnelle d’une photo qui prime, l’histoire qu’elle raconte.